Hold hands. That’s what you’re meant to do. Keep doing that and don’t let go. That’s the secret.
Ils auraient pu continuer à se parler pendant des heures, à faire ces sous-entendus qui ne regardaient qu’eux, qu’ils ne devraient pas faire dans un tel endroit, dans de telles circonstances. Pourtant, cela rassurait un peu bêtement Haruto, de constater qu’il pouvait avoir ce genre de complicité avec son fiancé, même quand les circonstances, justement, ne le permettaient pas vraiment. Ils pouvaient se faire ce genre de promesse coquine sans (trop) rougir, et l’assumer pleinement. A vrai dire, cela plaisait à Haruto, même s’il savait que ce n’était pas vraiment correct. S’ils étaient ici, c’était pour une bonne raison, et ils voulaient aider, tous les deux. C’était pour Naoto avant tout, plus que pour Atsuko, même s’ils compatissaient. Ils espéraient sincèrement qu’elle puisse renouer ce lien rompu avec ses parents depuis des années – depuis la naissance de Naoto. Ce dernier gagnait leurs cœurs sans trop de problèmes, semblait-il. Mais cela ne surprenait aucun des trois, qui se retrouvèrent finalement seuls quand la grand-mère emmena avec elle son petit-fils pour vérifier le dîner. Le grand-père, lui, leur fit comprendre qu’il pouvait être une personne plus désagréable qu’il ne le laissait paraître au premier abord. Cela confortait un peu plus Haruto dans l’idée qu’il ne voulait pas entrer plus que nécessaire dans leur vie.
Mais il pouvait bien supporter un repas, s’il y était obligé. Une fois de plus, il se rappela que c’était pour Naoto qu’il faisait tout ça. Accepter de jouer le simple ami de famille, cette comédie mise en place par Atsuko. Il n’était pas certain de comprendre exactement pourquoi elle avait souhaité une chose pareille. Comment pourraient-ils s’en sortir, si ses parents se montraient encore plus curieux qu’ils ne l’avaient déjà été ? Et le Japonais ne pensait pas qu’à lui, non. Ils s’étaient également montrés curieux concernant Ji Hoon, et cela l’inquiétait un peu plus. Sa jalousie s’éveillait forcément, à l’idée qu’on puisse croire que son fiancé était en couple avec quelqu’un d’autre. D’autant plus si cette personne se retrouvait être la mère de son enfant. Atsuko jouait un jeu dangereux, mais ils en avaient accepté les règles, pour ce soir. A eux de ne pas sortir perdants. « Non, ce serait vraiment malpoli. Sauf si l’un de vous souhaite trouver une excuse pour éviter ça ? » Son regard se posa sur Atsuko qui fit mine de réfléchir. Très certainement préférait-elle tenter le tout pour le tout, afin de retrouver ses parents. Ils ne pouvaient lui en vouloir, mais Haruto espérait seulement qu’elle sache ce qu’elle faisait, au risque d’avoir fait tous ces efforts pour rien. Et Ji Hoon, lui ? Avait-elle une idée ?
Il n’eut visiblement pas trop le temps de réfléchir. Tout se passa bien trop vite pour que Haruto suive et comprenne immédiatement ce qu’il se passait. De son mieux, il tenta de mettre dans l’ordre chaque événement. Tout partait de Ji Hoon qui avait fait tomber sa bague de fiançailles, que Atsuko lui avait demandé d’enlever avant de sonner chez ses parents. C’était assez ironique de se dire qu’elle avait craint que ses parents se fassent des idées s’ils remarquaient éventuellement cette bague au doigt de Ji Hoon. Il était sûr que là, ils ne pouvaient pas la louper, alors que le Coréen était à genoux devant elle, cette bague entre les doigts. Haruto n’était même pas sûr de comprendre ce qui se passa ensuite, trop perdu, incapable de répondre quoique ce soit d’intelligent. Naoto sembla perdu, mais Ji Hoon réussit à l’occuper pour laisser les adultes discuter entre eux de ce terrible malentendu. A quoi jouait Atsuko, très exactement ? Cherchait-elle vraiment à les séparer ? Voulait-il réellement mentir à ce point à ses parents pour leur plaire ? La colère de Ji Hoon était évidemment compréhensible, mais Haruto essaya tout de même de la tempérer – sans grand succès, sans surprise. Haruto serra les dents quand la main de son fiancé serra son poignet. Il se sentait idiot, de ne pas avoir réagi à temps. Il comprenait l’état d’esprit de Ji Hoon, mais ne pouvait ignorer celui de la jeune femme, qui semblait tout à fait paniquée, évitant les regards que l’on posait sur elle – celui en colère de Ji Hoon, ceux surpris qui trahissaient l’incompréhension de ses parents, et celui navré de Haruto.
Cependant, ce dernier se montra un peu égoïste. S’il voulait bien répondre aux questions de la grand-mère, il ne souhaitait pas s’éterniser ici plus que nécessaire. Et c’était à Atsuko d’assumer ce gros mensonge qu’elle avait apporté avec elle. Suivant rapidement Ji Hoon à l’extérieur, il tenta une fois de plus de l’apaiser. Mais son fiancé était bien trop en colère pour le moment. « Non, tu as raison… Si c’est le cas, je ne veux pas non plus que Naoto ait ce genre d’influence dans sa vie. » Après tout, Ji Hoon avait totalement raison à ce sujet. Il ne souhaitait que des présences bienveillantes dans la vie du petit garçon, qui méritait tout l’amour du monde, pas de la haine. « Tu penses qu’ils en seraient capable ? » Haruto n’était pas certain d’avoir bien cerné le couple de sexagénaire. Naoto semblait avoir réussi à les séduire avec son adorable bouille, et sa personnalité pétillante et curieuse. Mais cela suffirait-il seulement ? A dire vrai, Haruto n’était plus sûr de rien, si ce n’était retrouver Ji Hoon, se faire pardonner pour ne pas avoir repousser Atsuk – pire, de la défendre maintenant – car il savait que cela lui vaudrait cher.
« Oui, Naoto est perdu, ça se voit. On va devoir lui expliquer de façon simple ce qu’il s’est passé ce soir. Evidemment qu’elle a merdé là-dessus… Je pense que son envie de plaire à ses parents était plus forte que sa raison. Ji Hoon, on ne sait pas exactement comment ça s’est passé entre eux, il y a cinq ans. Même si je les excuse pas, Atsuko avait peut-être ses raisons d’agir comme ça, ce soir. » Essayer de convaincre Ji Hoon ne lui avait jamais semblé aussi compliqué, car Haruto était en conflit avec lui-même. Il n’aimait pas que son fiancé fasse ce genre de théorie vexantes. Il serra les dents sous les reproches, Ne devaient-ils pas former une équipe ? Mais la goutte d’eau fut la dernière supposition, que le Japonais trouva même dégradante. « Non mais t’es sérieux ? Tu t’entends ? Tu as eu l’impression que ça me plaisait ? Vraiment ? » Il croisa les bras contre son torse, autant par envie de lui faire comprendre combien il était maintenant à son tour en colère, que par besoin de se réchauffer comme il le pouvait. « La seule chose qui me contrarie actuellement, c’est toi et tes théories blessantes. Tu penses vraiment que j’aurais été capable de prendre sérieusement part à une telle mascarade ? » Il planta son regard dans le sien, le défiant silencieusement de lui donner une réponse sincère.
La porte de la maison s’ouvrit, et le silence fut troublé par Naoto qui trottina vers Ji Hoon pour se blottir contre lui. Atsuko se posta au côté de Haruto. Après une brève hésitation, elle s’inclina profondément devant Ji Hoon lui demandant de l’excuser. « J’ai pas assuré, je le sais… Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. » Naoto leur affirma alors que son papy ne lui avait pas dit au revoir, mais que sa mamie lui avait promis de l’appeler bientôt. C’était déjà ça, Haruto espérait que l’épouse puisse convaincre le mari. Il s’approcha du petit garçon – et donc de Ji Hoon, puisque l’enfant était toujours blotti contre lui. Sa main se posa sur son crâne, qu’il ébouriffa gentiment. « Ce soir, on a un peu fait les clowns, ça a dû te perturber, hm ? Ton papa et moi, on est toujours des amoureux. » Il leva les yeux vers Ji Hoon, avant de se redresser et de s’éloigner. Tout ce qu’il voulait, c’était que tout cela s’arrange pour tout le monde. Que Naoto aient désormais dans sa vie ses grands-parents maternels, que Atsuko se réconcilie avec ses parents après cinq ans sans nouvelles d’eux, et que Ji Hoon lui pardonne et se montre à nouveau amoureux avec lui. « On rentre ? » Naoto sembla d’accord, courant jusqu’à la voiture en riant, Atsuko le suivit. Haruto, lui, en profita pour se rapprocher une nouvelle fois de son fiancé, hésitant à prendre sa main, par peur de se faire rejeter.
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Le point positif, avec cette situation désastreuse, c’était qu’il y avait une petite chance pour qu’on ne les invite pas à dîner. Ji Hoon ne savait pas comment il avait pu se retrouver dans un malentendu pareil. Pour rien au monde il ne voudrait demander Atsuko en mariage. Il était déjà fiancé, après tout, et c’était justement sa propre bague de fiançailles. Celle que Haruto avait tendu vers lui, un genou à terre, il y a plus d’un an désormais. Parfois, il aimerait remonter le temps pour revenir à ce moment-là, juste pour le vivre encore une fois. Il l’avait tellement attendu, après la découverte de l’écrin lors de ce nouvel an en Thailand. Sa folie avait débuté avec le mariage de Keisuke, mais au fond, il ne voulait pas seulement un mariage. Il voulait sincèrement s’unir à Haruto, il voulait exister à ses côtés. Etre reconnu comme son compagnon, légalement. Ce n’était qu’une question de temps, il avait espoir qu’un jour, cela soit possible pour eux. C’était bien trop injuste, comment les choses étaient actuellement faites. Et ensemble, ils étaient la preuve vivante que l’amour n’était pas seulement entre deux personnes de sexe différents. Ils se battraient pour avoir ce droit, pour pouvoir compter, eux aussi. Ils se fichaient de la reconnaissance du public, ils voulaient simplement être en mesure d’être là, l’un pour l’autre, en toute circonstance.
Mais pas dans une circonstance celle celle-ci, où la mère d’Atsuko se mettait en tête que sa fille était en couple avec son fiancé. Il croyait rêver. Ce n’était pas possible. C’était n’importe quoi. Ji Hoon avait envie de hurler au scandale. Comment pouvait-elle arriver à cette déduction alors qu’il était pourtant évident qu’il était avec lui ? Pas si évident, visiblement. C’était n’importe quoi. Il avait l’impression d’assister à une mauvaise comédie. Plus encore quand cette idiote attrapa la main de Haruto pour confirmer les dires de sa mère. Qu’est-ce qu’il y avait dans sa tête, au juste ? Et dans celle de son fiancé, qui gardait sa main dans celle d’Atsuko ? Il n’y avait que Naoto qui avait encore toute sa tête ici, semblant réellement perturbé par la scène qui se jouait devant ces yeux ? Le voir ainsi le ramena à la raison et fit naître une colère bien plus grande en lui. Ils devaient protéger Naoto, tous les trois. Ils n’étaient déjà pas une famille ordinaire de base, mais ce n’était pas utile de le perturber davantage. Il n’avait que cinq ans, mais semblait déjà assez troublé de voir sa mère tenir la main de son Paparuto, qui devait être l’amour de son père.
Certes, il se montrait rude envers Atsuko, mais il n’avait plus la patience de se montrer excessivement gentil avec elle et de prendre des pincettes. Pas quand cela touchait leur enfant. Il était hors de question qu’elle fasse ce genre de choses devant lui. Ji Hoon se fichait bien de ce qu’elle racontait à ses parents. Elle pouvait s’inventer avocate, ministre ou tout ce qu’elle voulait, mais elle devait garder ses mensonges entre elle et ses parents, et ne pas les inclure eux deux ou Naoto. Ses excuses, il s’en fichait bien. Le mal était fait et cela n’enlèverait rien. La jeune femme devait réfléchir, se reprendre. Elle ne pouvait pas agir aussi inconsciemment pour plaire à des parents qui n’avaient eu aucun mal à l’ignorer pendant des années. Il savait que c’était compliqué, qu’il aurait également été déstabilisé si sa mère n’avait pas été la personne merveilleuse qu’elle était, toutefois, cela n’excusait en rien son comportement, ni celui de Haruto. Pour ce dernier, il savait que c’était plutôt sa jalousie qui s’exprimait, supportant mal de le voir proche d’une autre personne que lui. Même si c’était pour de faux, il ne tolérait pas qu’il soit avec quelqu’un d’autre.
Quitter la maison sans plus attendre, voilà tout ce qu’il voulait. Jaemin voulait rentrer chez lui. Etre loin d’ici, ne plus penser à tout ça. Retrouver les petits chiens et le calme de leur appartement, qu’ils allaient quitter d’ici quelques semaines. Ils avaient déjà doucement commencé à déménager leurs affaires dans la maison, et la nouvelle vie commençait doucement à se dessiner devant leurs yeux. Son regard se porta sur son fiancé qui fit son apparition, qui tentait de le calmer, visiblement. Terrible erreur. A ses yeux, même si sa famille comptait plus que tout, il partait du principe que les liens du sang ne justifiait pas de garder une relation toxique. Et si les parents d’Atsuko l’étaient, Naoto n’avait pas besoin de les connaître. Ils ne devaient avoir autour de lui que des personnes bienveillantes. Ils ne seraient pas toujours là pour s’assurer que ce soit le cas, alors autant faire en sorte d’éloigner les mauvaises personnes tant qu’ils le pouvaient encore. « J’en sais rien, je les connais pas. Mais on devra faire attention. » Ils devaient faire en sorte de discuter avec Naoto le plus possible pour savoir quel était son sentiment et son ressenti vis-à-vis de ses grands-parents. S’ils n’étaient pas à la hauteur et ne traitaient pas assez bien l’enfant, il était hors de question qu’il continue à les voir.
« Oui, je comprends que ça fait cinq ans. Elle veut se réconcilier avec eux et leur plaire. Mais y a des limites quand même. Tu peux pas cautionner ça quand même ! » N’était-ce pas lui le psychiatre ? Ji Hoon était presque sur le point d’appeler Rina pour lui expliquer la situation et qu’elle raisonne Haruto. Probablement que sa colère prit le pas sur sa raison et qu’il se mit à dire un peu n’importe quoi. Mais cela l’agaçait de voir son fiancé défendre Atsuko et ne pas être de son côté. Ji Hoon n’avait pas besoin d’être tempéré mais soutenu. Non, il ne pensait pas qu’il aurait été capable de prendre part à une telle mascarade, mais sur le moment, il avait vraiment du mal à le comprendre. Ouvrant la bouche pour lui répondre, il fut interrompu par l’arrivée de Naoto qui vint se coller à lui. Ji Hoon se baissa pour le prendre dans ses bras, souriant doucement à leur fils en lui caressant les cheveux de sa main libre. « Hey, comment tu vas toi ? T’as fini le niveau ? » Naoto lui rendit son téléphone avec un sourire victorieux. « Oui ! T’es nul Papa, c’était tout facile ! » Riant, amusé d’entendre son fils se moquer de lui avec tellement de fierté, il posa rapidement ses yeux sur Atsuko qui les avait rejoint. « C’est vrai. » Qu’elle n’avait pas assuré. « C’est arrangé maintenant ? » Elle haussa les épaules sans lui répondre. Ce que leur appris Naoto l’aida à comprendre que non.
Il observa Haruto s’approcher d’eux, silencieux alors qu’il s’adressa au petit garçon. Ce dernier ne semblait plus si affecté que ça, réalisant probablement que tout était rentré dans l’ordre. Il sourit à Haruto en hochant la tête. « D’accord Paparuto ! » Il devait s’en ficher, ou du moins, préférait ne pas le montrer. Naoto était un enfant curieux et sensible, mais il avait aussi cette tendance à vouloir garder son petit sourire, même quand quelque chose n’allait pas. Ji Hoon accorda un doux sourire à l’enfant, avant de le reposer par terre. Ce dernier sembla impatient de rentrer puisqu’il courut vers la voiture, poursuivie par Atsuko qui lui hurla de faire attention. Silencieux, le couple avançait à leur suite. Il avait bien remarqué que son homme s’était rapproché de lui, et il glissa doucement son bras autour de sa taille pour avancer contre lui. « Désolé pour avant, j’étais en colère et quand je suis en colère je dis tout et n’importe quoi. » Doucement, il se pencha pour déposer ses lèvres contre sa joue, posant sa main contre son torse. « Je sais que t’es lent parfois. » Un petit sourire se forma sur ses lèvres, riant doucement alors qu’il le serra un peu plus contre lui. Haruto 404 error, ce n’était pas un mythe. Arrivant près de la voiture, il se réinstalla derrière le volant, s’assurant que tout le monde était prêt avant de démarrer.
Ji Hoon s’assura rapidement que Naoto était bien pris dans son dessin animé avant de reprendre la parole. « Qu’ont dit tes parents Atsuko ? Quand tu es partie ? » Le père n’avait pas dit au revoir à Naoto, cela montrait assez certainement que ça ne s’était pas si bien passé que cela. « Je sais que tu as envie de renouer les liens avec eux. Mais t’as rien à prouver à des personnes qui n’ont pas été là pour toi quand tu en avais le plus besoin. » Ils l’avaient laissé tomber parce qu’elle n’avait pas voulu avorter. Il espérait que maintenant qu’ils avaient rencontré Naoto, ils regrettaient d’avoir tourné le dos à leur fille. « Si tu retournes les voir, ça sera sans nous, je pense que c’est mieux. » Parce qu’il ne voulait plus qu’elle se serve d’eux pour des trucs aussi bizarres. « On est là pour toi si tu as besoin de nous, mais il y a des choses que tu dois assumer seule, hm, Baobei ? » Il sourit en tournant brièvement la tête vers son fiancé, cherchant son approbation. Ils étaient une team dans l’éducation de Naoto, mais Ji Hoon formait avant tout un duo avec Haruto.
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Evidemment, l’invitation à rester pour dîner semblait compromise. Il allait de soi qu’ils ne souhaitaient pas rester ici une minute de plus, Ji Hoon le premier. Peut-être que Atsuko essayerait de sauver les meubles, mais cela semblait bien compromis. Dans ce bordel sans nom, Haruto espérait que Naoto n’ait pas remarqué le trouble ambiant, même s’il devait se douter que le petit garçon n’était pas totalement dupe. Un jeu sur un téléphone pouvait bien l’occuper un temps, cela l’aidait juste à ne pas entendre les mots durs que son père crachait au visage de sa mère visiblement choquée et honteuse de ses propres actes. Au milieu de tout ça, le psychiatre se sentait coupable d’avoir fait preuve de peu de discernement. Il aurait dû réagir plus tôt, bien sûr, ne serait-ce que par respect de Ji Hoon et de leur relation. Mais, pris au dépourvu, il était resté d’abord bêtement planté là, sa main dans celle de la fille du couple qui les accueillaient, ceux que ladite fille essayait de reconquérir. C’était une situation absurde, une situation qui n’avait pas lieu d’être, et ce depuis le départ. Ils n’auraient pas dû écouter Atsuko, s’en remettre à son jugement. Clairement, la jeune mère ne supportait pas cette distance avec ses parents et était prête à tout pour les convaincre de renouer. Mais à quel prix ?
Ji Hoon avait totalement raison de se mettre en colère, même si Haruto tenta en vain de la calmer et de raisonner son fiancé. Ce dernier avait le droit de lui faire ces reproches, même s’il le blessait. Après avoir donné sa version des faits aux parents d’Atsuko, il prit congé en les remerciant et s’excusant, avant de rejoindre Ji Hoon. C’était toujours lui avant tout le reste, cela ne changeait pas. Il le sentait bien toujours en colère, se demandant comment il pourrait l’apaiser. Sur le point qu’il soulevait, il était totalement d’accord avec lui. Si ses grands-parents n’étaient pas capables de passer outre les révélations faites ce soir pour apprendre à le connaître, Naoto n’avait pas besoin d’eux dans sa vie. Tout ce qu’ils voulaient, c’était que le petit garçon soit bien entour, c’était ça le principal. Mais même s’ils acceptaient malgré cela, rien ne leur disait qu’ils ne tenteraient pas de lui retourner le cerveau plus tard, c’était également un risque à prendre en compte. Haruto devenait paranoïaque, quand cela concernant Naoto, surtout depuis Kobayashi. Peut-être était-ce trop le protéger, il n’en savait vraiment rien, mais il préférait se montrer vigilant. Prudence est mère de sureté, disait-on.
« Oui, on ne le laissera pas seul avec eux avant de nous assurer qu’ils soient vraiment bienveillants. » Mais encore fallait-il qu’ils acceptent Naoto dans leur vie, qu’ils souhaitent renouer contact avec leur fille. Dans un monde idéal, ce serait une évidence, mais pour être tout à fait honnête, Haruto en doutait beaucoup. Mais après tout, serait-ce vraiment pour le mieux ? Des parents qui pouvaient couper les ponts avec leur propre fille simplement parce que celle-ci avait décidé de garder son bébé contre leur avis, même en sachant que le père n’était pas là pour la soutenir – était-ce là des parents que l’on devait vraiment désirer voir revenir ? A vrai dire, seule Atsuko pouvait répondre à cette question, et à en juger par son comportement à peine arrivée ici, la réponse paraissait claire : oui, elle voulait enterrer la hache de guerre et renouer avec ses parents. Pour Haruto, il y avait donc des circonstances atténuantes. Il voulait croire que la jeune femme avait simplement, dans un élan de détresse et de panique, sauter sur une occasion qu’elle semblait avoir jugée bonne – alors qu’elle ne l’était clairement pas. « Non, je ne cautionne pas, mais j’essaye de comprendre. » Mais même cela semblait déjà trop demandé pour Ji Hoon, qui l’accabla sans qu’il ne puisse vraiment répliquer. Car ses mots blessaient Haruto. Comment pouvait-il encore seulement penser des choses pareilles ? Le regard blessé du Japonais se posa donc sur son fiancé, mais cela ne paraissait pas le toucher, puisqu’il continuait, ne semblant pas vouloir s’arrêter.
Heureusement, Haruto n’eut pas le loisir de vraiment répondre. Il était si maladroit ce soir, qu’il aurait simplement pu tout aggraver et amèrement regretter ensuite. Il se contenta de lui retourner les questions, cherchant à le faire réfléchir sur ce qu’il venait de lui dire. Comment osait-il ? N’entendait-il pas combien il était ridicule ? Naoto fut une fois de plus le sauveur, se blottissant contre son père à peine eut-il mis un pied dehors. La scène était bien trop adorable pour rester fâché. Un sourire se dessina sur les lèvres du Japonais à la réponse du petit garçon. Un petit moment de douceur comme celui-ci, voilà ce dont ils avaient tous besoin, même (ou surtout) si Naoto se moquait gentiment de son père. Savoir qu’il était encore bien trop innocent pour comprendre que cela n’avait été qu’une excuse pour l’éloigner de leur conversation d’adultes le rassura. D’ailleurs, quelle était la conclusion de tout ça ? Ni bonne ni mauvaise, semblait-il. Si ce n’était pas l’idéal, il restait l’espoir que tout finisse par s’arranger malgré tout. Haruto pensa important de rassurer Naoto sur un point ; son papa et lui étaient bel et bien des amoureux, il n’était pas celui de sa mère. Cette dernière sembla même encore honteuse. « Parfait ! » Souriant à l’enfant, il lui caressa les cheveux avant de se redresser, le laissant rejoindre la voiture, suivi de sa mère.
Lui voulait se rapprocher de Ji Hoon, ne supportant jamais d’être fâché avec lui. « C’est vrai, mais c’était mérité. » Il ne put s’empêcher de sourire et de rougir de plaisir sous le baiser de son fiancé et le fait de le savoir si proche, avant de laisser s’échapper un cri de protestation. « Hey ! ça ne m’arrive pas si souvent ! » Mais il eut beau froncer les sourcils, son sourire ne disparut pas une seule seconde de ses lèvres. « C’était juste une très mauvaise idée. Je sais qu’on pensait à Naoto, mais finalement, on ne lui a peut-être même pas rendu service. » Un soupir lui échappa, alors qu’il passa sa main libre dans ses cheveux – l’autre étant passée sur les hanches de Ji Hoon, pour l’attirer à lui et lui voler un baiser. « Allez, rentrons. » Il avança vers la voiture, laissant sa main dans celle de Ji Hoon le plus longtemps possible, avant de la lâcher alors qu’ils étaient au niveau du véhicule. Son fiancé reprit le volant, démarrant dans le calme uniquement troublé par le dessin-animé de Naoto, qu’il avait poliment demandé à reprendre à peine installé dans son siège-auto. Haruto se dit avec émotion qu’il était fier de lui, et que Ji Hoon avait tout à fait raison ; si ses grands-parents ne voyaient pas quel petit garçon extraordinaire il était, Naoto n’avait pas besoin d’eux dans sa vie. Il espérait toutefois que Atsuko soit de leur avis, et qu’elle aussi accepte de tourner la page, même s’il se doutait que ce devait être plus facile à dire qu’à faire.
Son regard se détacha du paysage quand la voix de Ji Hoon s’éleva doucement dans l’habitacle. Il lui sourit, tournant légèrement la tête pour regarder Atsuko, qui posa d’abord les yeux sur son fils, avant de les tourner vers sa vitre. Elle écouta en silence les paroles de Ji Hoon, semblant même méditer dessus. « Ji Hoon a raison. » Haruto opina du chef, et se rassit un peu mieux, attendant une réponse. « Mon père n’a rien dit, quand vous êtes sortis, il est allé dans la cuisine pour ne plus en sortir. Je n’ai pas osé aller le voir. » Un léger soupire lui échappa, avant de lever les yeux vers l’avant, un léger sourire aux lèvres. « Ma mère, par contre, m’a demandé mon numéro de téléphone. Elle aimerait que l’on se revoit, toutes les deux. Elle trouve Naoto adorable et bien élevé. » Sa voix trembla un peu, on devinait sans mal qu’elle était émue. « Elle m’a dit qu’elle était fière de moi, d’avoir fait un si beau petit garçon. » Sa main caressa les cheveux de son fils, qui posa sur elle un regard surpris, mais elle le rassura d’un sourire, et il se reprit le visionnage de son dessin-animé. « On va se revoir, toutes les deux. Juste nous deux. On a beaucoup de choses à se dire. J’aurais dû vous écouter, c’était une erreur de vous demander de venir. Mais oui, vous avez raison, je dois assumer tout ça toute seule. »
Une fois Atsuko et Naoto ramenés chez eux, Ji Hoon et Naoto se retrouvèrent seuls, rentrant rapidement dans leur appartement. « Tadaima ! » Se débarrassant de sa veste, le Japonais poussa un long soupir. Kimyaki et Takochi les accueillirent avec enthousiasme, comme à leur habitude. Haruto les caressa l’un après l’autre, riant doucement. Il se redressa ensuite, pour mieux retrouver Ji Hoon, contre lequel il se blottit, ses bras passés autour de ses hanches. « En tout cas, une chose est sûre, le rôle-play, ce n’est pas pour moi. Ou alors, seulement avec toi, et dans un contexte bien précis. » A savoir, leurs moments intimes et coquins. Définitivement pas devant les parents d’une ex de son fiancé. « On doit vraiment présenter Suzuki à Atsuko. » Cela devenait même urgent. Tendant le cou, il embrassa tendrement ce dernier, se collant à lui. « Et nous… Est-ce que c’est à moi de me faire pardonner, du coup ? » Ses mains glissèrent contre le torse de son compagnon, avant de se nouer derrière sa nuque. Se rapprochant le plus possible de lui, il laissa ses lèvres se perdre dans son cou, avant de conquérir à nouveau ses lèvres. « C’est toi mon compagnon, mon amour. Mon fiancé. Interdit de te retrouver encore une fois à genoux devant quelqu’un d’autre ! Et surtout, interdit d’enlever ta bague ! » Plus jamais.
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